aide aux animaux errants sur silk island: une mission sous 36 degrés Celsius
Une aide médicale apportée à plus de 500 animaux au Cambodge
Un récit rédigé par Andreas Rainer - Modérateur de podcast et scénariste chez QUATRE PATTES
Si vous souhaitez vous rendre de Phnom Penh à l’île de la soie, tout ce qu’il vous reste à faire est d’arrêter l’un des milliers de « Tuk Tuk », ces taxis motorisés qui circulent sans fin dans la bruyante capitale cambodgienne.
Bien que la course ne dépasse pas une heure, elle n’en reste pas moins une aventure. Après avoir quitté le trafic des axes principaux, notre route se termine soudainement par un chemin piéton rempli d’herbe. Alors que le majestueux fleuve Mékong coule à nos côtés, comme il le fait depuis des milliers d'années, notre chauffeur sort de son véhicule avec le calme propre aux gens de l’Asie du Sud-Est. Imperturbable, il inspecte un moment le chemin qui n’est large que de quelques centimètres et en conclut qu’il s’agit de la fin du sentier. Après de nombreux allers-retours, nous trouvons enfin le ferry qui nous emmène de l'autre côté de la rivière vers l'île de la soie, un petit voyage de dix minutes.
Clinique mobile
Tôt le matin, nous nous mettons en route pour un temple bouddhiste où nous allons installer notre clinique mobile. Notre objectif est de vacciner, traiter et stériliser 500 chats et chiens en quelques jours. Notre équipe a seulement réalisé à quel point la stérilisation était urgente une fois arrivée sur l’île. Bien que chaque foyer semble avoir accueilli plusieurs animaux, la population d’animaux continue de croître librement. Tôt le matin, les premiers habitants attendent déjà que nous prenions leurs animaux. Notre aide est accueillie à bras ouverts car il n'y a pas de vétérinaire sur l'île. La plupart des gens n’ont pas les moyens d’effectuer la traversée vers Phnom Penh, sans parler des soins vétérinaires coûteux pour leurs chiens et chats bien-aimés. Notre équipe travaille au cas par cas, et les animaux sont soignés du matin au soir. Même les moines locaux nous aident à rassembler les animaux. Nous avons également fait venir spécialement d'Ukraine notre équipe en charge des chiens errants, qui a réussi à attraper même les chiens et les chats les plus peureux.
Des estomacs affamés
Avec l’aide d’une collègue d’ Animal Rescue Cambodia, nous nous sommes rendues de maison en maison pour récupérer les animaux directement chez les résidents. J’ai rencontré une femme qui avait avec elle 13 chiens. Chaque jour, elle doit préparer à manger pour tous ces chiens affamés, ce qui reste un challenge sur cette île où les résidents ont tout juste assez pour eux. Toutefois, elle le fait avec plaisir car elle ne veut pas qu’il arrive quoi que ce soit aux animaux, sachant que les trafiquants du commerce de la viande de chien sont malheureusement très présents au Cambodge. Alors que nous sommes sur le chemin du retour, un cas urgent vient d’être amené à la clinique. Ginou le chien a beaucoup de mal à respirer et la raison semble apparente : son ventre est très gonflé et semble rempli de liquide. Le Dr Katherine Polak, vétérinaire et responsable de notre service de soins aux animaux errants en Asie du Sud-Est m'explique que le fluide exerce une pression sur sa poitrine et son cœur, ce qui lui rend la respiration difficile. Si nous voulons lui sauver la vie, il doit être immédiatement emmené hors de l'île, dans une clinique vétérinaire.
Travailler sous 36 degrés
Nous sommes maintenant en fin de journée, et dans notre clinique à ciel ouvert, il fait encore 36 degrés à l’ombre. Même la légère brise ne déplace pas l'air, qui brille avec la chaleur. Néanmoins, je ne remarque pratiquement aucun signe de fatigue au sein de l'équipe, bien que tous aient travaillé toute la journée, à l'exception d'une courte pause déjeuner. Le Dr Polak apporte son aide partout où elle le peut, sans se laisser décourager par une blessure au genou qu’elle s’est faite lors de son premier jour de travail. Elle a été équipée d'une attelle temporaire à l'hôpital de Phnom Penh, mais au lieu de soigner sa blessure, elle a préféré revenir auprès de son équipe dès le lendemain.
Rendre visite aux patients en ville
Avec toute cette agitation sur l’île de la soie, le temps passe vite et le nombre d’animaux à soigner semble être infini. Le dernier jour de la mission, le Dr Polak m’a emmené avec elle à Phnom Penh. Nous avons rendu visite à Ginou, soigné dans une clinique de la ville depuis quelques jours. Heureusement, les soins ont été bénéfiques et Ginou nous a accueilli en remuant la queue, plein d'énergie. Il doit être ramené le lendemain sur l’île, auprès de son propriétaire qui l'attend avec impatience.
Le bien-être des animaux 24 heures sur 24
Le dernier soir, je demande au Dr Polak si elle se réjouit déjà du weekend qui l’attend après ces jours très chauds passés sur l’île. Ce à quoi elle me répond qu’elle a prévu de visiter un abattoir pour chiens situé dans l’arrière-pays Cambodgien. Elle veut tenter de convaincre le propriétaire de la cruauté liée au trafic de viande canine et trouver avec lui un autre moyen de nourrir sa famille. Le combat pour le bien-être animal ne s’arrête pas.
Il y a encore un long chemin à parcourir pour nous ici au Cambodge et en Asie du Sud-Est, mais au moins, sur l'île de la soie, il y a maintenant plusieurs centaines de chiens et de chats qui peuvent regarder couler le fleuve Mékong, heureux et en bonne santé.