Élections européennes: une chance de cochon de vivre ici?
Un commentaire de Josef Pfabigan, Président du conseil d’administration de QUATRE PATTES
«On ne voit bien qu’avec le cœur. L’essentiel est invisible pour les yeux.» (Antoine de Saint-Exupéry)
Campagne électorale dans l’UE: L’une des citations les plus populaires de la littérature scolaire apprend aux enfants, dès leur plus jeune âge, ce qui est important dans les interactions sociales, les débats controversés ou le comportement avec les êtres vivants. Chez QUATRE PATTES, nous associons également le fait «qu’on ne voit bien qu’avec le cœur» à une mission en vue des prochaines élections au Parlement européen: plus de 370 millions de citoyennes et de citoyens décideront indirectement dans quelques jours des conditions dans lesquelles des milliards d’animaux seront détenus, transportés et abattus à l’avenir dans l’UE. L’importance considérable de cette révision est déjà mise en évidence par le fait que la dernière réforme du bien-être animal dans l’UE remonte à 20 ans! À titre de comparaison, c’est la même année, en 2004, que Facebook a été créé. Depuis, beaucoup de choses ont changé à l’échelle mondiale. Les citoyens européens âgés aujourd’hui de 16 et 18 ans qui auront le droit de vote en 2024 n’étaient pas encore nés à l’époque.
L’Organisation mondiale de la santé animale (OMSA) définit le bien-être animal comme «l’état physique et mental d’un animal en relation avec les conditions dans lesquelles il vit et meurt.» Dans l’ensemble de l’UE, cette relation est négligée au plus haut point dans les élevages intensifs, ce qui se traduit par une cruauté légalisée envers les animaux et des souffrances disproportionnées pour des milliards d’animaux d’élevage. Ainsi, les images cruelles d’élevages de poulets surpeuplés et de porcs sales et coincés les uns contre les autres sur des caillebotis restent invisibles pour le public et sont cachées derrière les portes fermées des étables. Seule la viande reste visible, joliment emballée et vendue à des prix défiant toute concurrence dans les rayons des supermarchés européens, servie dans les restaurants sous forme d’escalopes et autres produits de masse. La souffrance animale qui se cache derrière reste invisible pour les yeux des millions de consommateurs.
Projet modèle en Suisse
Pour répondre à la question du bien-être animal, jetons un coup d’œil à la Suisse. C’est là qu’a démarré en 2023, en collaboration avec la Fondation Albert Koechlin et le FiBL (Institut de recherche de l’agriculture biologique), le projet SchweinErleben (découvre les porcs) à la ferme panoramique de Meggen, dans le canton de Lucerne, qui s’intéresse à la manière dont les porcs domestiques se comportent dans un environnement naturel. Pour ce faire, trois truies et leurs porcelets vivent dans un enclos entouré de prairies et de forêts, où elles organisent entièrement leur quotidien comme le veut leur nature. Outre l’étude du comportement naturel des porcs domestiques, qui se distinguent désormais fortement de leurs ancêtres, les sangliers, du moins en apparence, le projet, prévu pour durer trois ans, est également axé sur la formation. Contrairement aux près de 150 millions de porcs qui sont engraissés, abattus et souvent élevés et transportés dans des conditions cruelles pour les animaux sur le sol de l'UE, les animaux de la ferme panoramique vivent dans un paradis pour les cochons. Ces animaux extrêmement intelligents et sociaux sont considérés comme très propres, contrairement aux préjugés populaires. Ce sont également de véritables «foodies», qui passent la majeure partie de la journée à chercher de la nourriture. Mais dans ce projet aussi, il est clair qu’à la fin, les porcs de la ferme panoramique seront abattus. Ils échappent toutefois de leur vivant aux conditions qui prévalent dans l’élevage intensif conventionnel. Ici, l’homme traite les animaux avec respect et compassion.
Ce projet doit avoir un impact important. Il doit rapprocher les consommateurs et les politiciens des animaux et les sensibiliser aux besoins des porcs. Depuis le mois de mai de cette année, des groupes de jardins d’enfants et des classes d’école ont la possibilité d’observer les cochons domestiques depuis des plateformes d’observation, de les voir bâiller, patauger et manger. Tout le monde est invité à participer à la recherche comportementale par le biais de la «Citizen Science» et à avoir ainsi un aperçu encore plus profond de la vie des cochons - sous la peau rose se cache peut-être encore un sanglier avec tous ses comportements et ses besoins?
Outre les visites guidées et le suivi scientifique du projet, le FiBL travaille également avec QUATRE PATTES à un projet de film, un film pédagogique, afin de pouvoir donner à un public encore plus large un aperçu de la vie des porcs domestiques de la ferme panoramique. Le projet durera jusqu’en 2026.
L'engagement pour les animaux est une affaire de cœur
Que peut-on en déduire à plus grande échelle, avec le mot clé approvisionnement en denrées alimentaires, et qu’attend QUATRE PATTES des prochaines élections au Parlement européen?
Depuis le traité de Lisbonne en 2009, les animaux sont officiellement considérés comme des êtres vivants doués de sensibilité dans toute l’UE. En fonction de leurs besoins, on leur reconnaît «cinq libertés»: la liberté de ne pas souffrir de la faim et de la soif, de l’inconfort, de la douleur et de la maladie, de la peur et du stress, et la liberté d’exprimer le comportement propre à leur espèce. Si nous regardons les terribles images d’élevages intensifs, de cargos et de transports d’animaux accidentés, d’abattoirs et de machines à tuer comme celles qui tuent chaque année des milliards de poussins mâles dans le cadre de la production d’œufs, ces «libertés» accordées par le traité sont du pur cynisme. Nous, les humains, reconnaissons des sentiments aux animaux, mais nous détournons volontiers le regard, surtout en ce qui concerne les animaux dit de rente, lorsque la souffrance animale est une réalité quotidienne dans la production, afin de pouvoir acheter des produits bon marché. Nous devons travailler ensemble pour mettre un terme à cette injustice. Être humain, c’est aussi se défendre les uns les autres et faire preuve de compassion.
Un coup d’œil à la ferme panoramique nous montre une réalité alternative: celle du cochon, dont la viande est la plus consommée au monde, en tant qu’être sensible, peut-être heureux, qui saute, creuse et grogne. S’engager pour les animaux est une question de raison et de cœur. Les élections européennes donnent aux personnes âgées de 16 ans et plus en Allemagne, à Malte et en Autriche, et de 18 ans et plus dans les autres pays, la possibilité de voter pour un meilleur bien-être animal dans les élevages européens. Ce n’est qu’en adoptant des positions claires, fortes et communes contre la cruauté envers les animaux que nous pourrons obtenir des changements juridiques importants de la part de nos politiciens. L’objectif doit être d’atteindre les normes les plus élevées en matière de bien-être animal pour tous les animaux. Lors des élections, il convient donc de regarder attentivement quels candidats et partis politiques s’engagent en faveur des animaux et de leur protection, avec respect et compassion, avec les yeux et avec le cœur.
Il reste à espérer que le projet SchweinErleben atteigne un large public et que les gens changent d’attitude vis-à-vis des animaux dits de rente et influence de manière positive leur comportement de consommation de produits animaux. Les mines visiblement satisfaites des cochons de la ferme panoramique devraient y contribuer - car ces animaux ont vraiment eu une chance de cochon.
Portrait
Josef Pfabigan est le Président du conseil d’administration de QUATRE PATTES. Il est responsable de l’orientation stratégique, de la direction et du développement de l’organisation mondiale de protection des animaux sous influence humaine directe, qui révèle les souffrances, sauve les animaux dans le besoin et les protège. Originaire de Basse-Autriche, il est membre fondateur de l’organisation et fait partie du conseil d’administration de QUATRE PATTES depuis sa création en 1988.
Vous pouvez demander à vos candidats au Parlement européen qu'ils doivent défendre la protection des animaux ici.
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Au sujet de QUATRE PATTES
QUATRE PATTES est l’organisation mondiale de protection des animaux sous influence humaine directe, qui révèle leurs souffrances, sauve les animaux en détresse et les protège. Fondée en 1988 à Vienne par Heli Dungler et ses amis, l’organisation plaide pour un monde où les humains traitent les animaux avec respect, compassion et compréhension. Ses campagnes et projets durables se concentrent sur les chiens et chats errants ainsi que sur les animaux de compagnie, les animaux de rente et les animaux sauvages – comme les ours, les grands félins et les orangs-outans – issus d’élevages non conformes aux besoins de l’espèce et ceux dans les zones de catastrophes naturelles et de conflits. Avec des bureaux en Afrique du Sud, en Allemagne, en Australie, en Autriche, en Belgique, en Bulgarie, aux États-Unis, en France, au Kosovo, aux Pays-Bas, au Royaume-Uni, en Suisse, en Thaïlande, en Ukraine et au Vietnam, ainsi que des refuges pour les animaux en détresse dans onze pays, QUATRE PATTES fournit une aide rapide et des solutions à long terme. QUATRE PATTES est en outre un partenaire d’Arosa Terre des Ours, le premier refuge en Suisse qui offre aux ours que l’on a pu sauver de mauvaises conditions de détention, un environnement adapté à leur espèce. www.quatre-pattes.ch