La « Tiger Mafia » en Asie et le commerce de grands félins 

QUATRE PATTES accueille la première mondiale du nouveau documentaire d'investigation de Karl Ammann sur la criminalité liée aux espèces sauvages 

11.11.2020

Zurich, le 11 novembre 2020. Le nouveau documentaire de Karl Ammann qui s'intitule « The Tiger Mafia » dévoile les découvertes choquantes de dix années d'enquêtes sur le trafic des tigres en Asie. Tout est passé au crible dans le film: des fermes d'élevage qui détiennent des milliers de tigres, des zoos qui proposent de caresser les bébés tigres ainsi que la médecine traditionnelle et les articles de luxe fabriqués à partir de certaines parties du corps des animaux. L'organisation mondiale de protection des animaux QUATRE PATTES a contribué aux découvertes d'Ammann grâce à ses recherches effectuées en Europe, où l'on estime que 1600 tigres vivent en captivité. Les enquêtes menées par QUATRE PATTES ont mis à jour un commerce actif entre les pays de l'Union Européenne et la Chine, le Vietnam et la Thaïlande. Rien qu'entre 2014 et 2018, 120 permis d'importation et d'exportation de tigres vivants et de certaines parties de leur corps ont été délivrés entre les pays de l'UE et l'Asie, conformément à la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d'extinction (CITES). Le nombre de transactions illégales non déclarées pourrait être beaucoup plus élevé, ce qui est souvent le cas lorsque l'on compare les chiffres du commerce légal aux données prévisionnelles du commerce illégal. Afin de protéger tous les tigres de l'exploitation commerciale, à l'état sauvage ou élevés en captivité, QUATRE PATTES demande à la Commission européenne de mettre enfin un terme au commerce des tigres et de leurs parties et dérivés. 

Pour le documentaire « The Tiger Mafia », dont la première mondiale virtuelle aura lieu le 12 novembre, Karl Ammann a passé une décennie à décrypter l'organisation quasi mafieuse du commerce de tigres, et tout particulièrement en Chine et en Asie du Sud-Est. Comme le montrent les documents d'Ammann qui concernent plus de 200 élevages de tigres chinois comptant environ 6000 tigres et de nombreux autres au Laos et dans les pays voisins, les animaux sont élevés légalement à l'échelle industrielle. Les tigres se reproduisent à grande vitesse pour être utilisés dans les zoos qui proposent à leurs clients de caresser les petits ainsi que d'autres formes de divertissement et, à terme, pour répondre à la demande insatiable pour les parties de leurs corps. À titre de comparaison, il ne reste que 3900 tigres dans la nature. Afin de maximiser les profits, de nombreuses fermes d'élevage de tigres exploitent aussi des zoos où les bébés tigres peuvent être utilisés pour interagir avec les clients. Lorsque les tigres ont atteint l'âge de deux ans, ils deviennent dangereux et ne peuvent plus être utilisés comme attractions touristiques. Ils sont alors tués pour être utilisés dans la médecine traditionnelle ou vendus comme articles de luxe, comme par exemple des bijoux ou des tapis faits à partir de leur peau.

« Les tigres captifs présentent souvent de graves problèmes de santé physique et mentale. Ils sont enlevés à leur mère dès leur plus jeune âge pour divertir les touristes et poser pour des photos. Dans la nature, les petits restent avec leur mère pendant deux ans, ce qui contraste fortement avec les deux mois laissés par la plupart des établissements qui les utilisent pour leurs attractions touristiques. Dans les élevages de tigres et dans les zoos proposant des sessions de caresses, il est impossible pour eux de se comporter naturellement et leurs importants besoins physiologiques ne peuvent tout simplement pas être satisfaits. En Chine, les tigres captifs sont souvent délibérément affamés, car il n'est légal d'utiliser les parties de leur corps que s'ils meurent de causes naturelles. »

Kieran Harkin, responsable du trafic des animaux sauvages chez QUATRE PATTES

Le commerce lucratif d'une espèce menacée d'extinction
Selon QUATRE PATTES, un tigre européen vivant peut coûter jusqu'à 22000 euros lorsqu'il est acheté au Vietnam. Même morts, les animaux sont très rentables. Une petite dent de tigre coûte environ 800 euros et une bouteille de vin de tigre, une infusion soi-disant cicatrisante faite à partir d'os de tigre, coûte environ 220 euros. Selon les investigations menées par Ammann, les griffes, les globes oculaires, le cerveau, la queue, les entrailles et la fourrure sont également utilisés, notamment pour la médecine traditionnelle chinoise et pour faire des bijoux. Les os de tigre de couleur rose sont considérés comme un article de luxe particulièrement précieux. Dans le documentaire d'Ammann, un vendeur de bijoux au Laos explique que les os obtiennent cette coloration spéciale lors du processus d'extraction. Les tigres sont prétendument sous sédatifs et leurs os sont extraits pendant leur sommeil. La demande pour les produits fabriqués à partir de tigres ne se limite pas à l'Asie, les autorités européennes ont également constaté des saisies de ce type d’articles. Les recherches menées par QUATRE PATTES ont révélé que plus de 8000 produits illégaux dérivés de tigres, comme par exemple le vin de tigre, ont été confisqués dans l'UE entre 1998 et 2017. La CITES, signée par 183 pays dont la Chine, la Thaïlande, le Vietnam et le Laos, interdit le commerce des parties et dérivés de tigre. Ceci n'a toutefois pas permis de limiter le nombre de tigres en élevage, ni leur abattage, ni le commerce des parties de leur corps. 

Une évolution similaire en Europe
Le documentaire d'Ammann ainsi que les recherches effectuées par QUATRE PATTES dévoilent que la « Tiger Mafia » travaille avec un vaste réseau que l'on retrouve même au beau milieu de l'Europe. « Élever des tigres à des fins commerciales est une activité légale dans l'UE et, à travers l'Europe, il existe des lois et des réglementations peu sévères qui facilitent extrêmement l'élevage et le commerce des tigres. C'est pourquoi nous constatons des activités illégales et un nombre aussi élevé de tigres en Europe. Personne ne sait exactement combien de tigres sont présents sur le continent européen et ce qu'il leur arrive lorsqu'ils deviennent trop vieux pour être utilisés dans les zoos et les cirques », explique Kieran Harkin. La plupart des États membres de l'UE ne disposent pas de registres centraux, et les éleveurs de tigres peuvent facilement falsifier les documents officiels. Parfois ils n'enregistrent même pas les naissances ou les décès, ce qui rend impossible tout contrôle du commerce ou du trafic. » Certains tigres européens sont exportés vers l'Asie, car les acheteurs de cette région pensent que les grands félins d'Europe sont plus gros et plus forts, ce qui les rend particulièrement intéressants pour l'élevage. Ce n'est que lorsque l'Europe changera d'attitude, se reprendra et sera devenue une partie de la solution et non du problème que nous pourrons jouer un rôle dans la lutte contre le trafic de tigres. Tout ceci ne sera possible que lorsque l'Europe mettra fin au commerce des tigres et de leurs parties du corps, ainsi qu'à leur exportation vers l'Asie à des fins commerciales », déclare Kieran Harkin.

Au sujet de QUATRE PATTES
QUATRE PATTES est l’organisation mondiale de protection des animaux sous influence humaine directe, qui révèle leurs souffrances, sauve les animaux en détresse et les protège. QUATRE PATTES fête cette année ses 20 ans en Suisse. Fondée en 1988 à Vienne par Heli Dungler, l'organisation plaide pour un monde où les Hommes traitent les animaux avec respect, compassion et compréhension. Les campagnes et projets durables se concentrent sur les chiens et chats errants ainsi que sur les animaux de compagnie, les animaux de rente et les animaux sauvages – tels que les ours, les grands félins, les orangs-outans et les éléphants – vivant dans de mauvaises conditions de détention ainsi que dans les zones de catastrophe et de conflit. Avec des bureaux en Afrique du Sud, Allemagne, Australie, Autriche, Belgique, Bulgarie, Hongrie, Kosovo, Pays-Bas, Royaume-Uni, Suisse, Thaïlande, Ukraine, USA et Vietnam ainsi que des refuges pour animaux en détresse dans douze pays, QUATRE PATTES fournit une aide rapide et des solutions durables. La Fondation est en outre un partenaire d'Arosa Terre des Ours, le premier refuge en Suisse qui offre aux ours sauvés de mauvaises conditions de détention un environnement adapté à l’espèce. www.quatre-pattes.ch

Sylvie Jetzer

Sylvie Jetzer

Communication Suisse

sylvie.jetzer@vier-pfoten.org

+41 43 501 57 49

QUATRE PATTES – Fondation pour la protection des animaux

QUATRE PATTES sur les réseaux sociaux

 

Au sujet de QUATRE PATTES
QUATRE PATTES est l’organisation mondiale de protection des animaux sous influence humaine directe, qui révèle leurs souffrances, sauve les animaux en détresse et les protège. Fondée en 1988 à Vienne par Heli Dungler et ses amis, l’organisation plaide pour un monde où les humains traitent les animaux avec respect, compassion et compréhension. Ses campagnes et projets durables se concentrent sur les chiens et chats errants ainsi que sur les animaux de compagnie, les animaux de rente et les animaux sauvages – comme les ours, les grands félins et les orangs-outans – issus d’élevages non conformes aux besoins de l’espèce et ceux dans les zones de catastrophes naturelles et de conflits. Avec des bureaux en Afrique du Sud, en Allemagne, en Australie, en Autriche, en Belgique, en Bulgarie, aux États-Unis, en France, au Kosovo, aux Pays-Bas, au Royaume-Uni, en Suisse, en Thaïlande, en Ukraine et au Vietnam, ainsi que des refuges pour les animaux en détresse dans onze pays, QUATRE PATTES fournit une aide rapide et des solutions à long terme. QUATRE PATTES est en outre un partenaire d’Arosa Terre des Ours, le premier refuge en Suisse qui offre aux ours que l’on a pu sauver de mauvaises conditions de détention, un environnement adapté à leur espèce. www.quatre-pattes.ch  

Recherche