Que doit apprendre un orang-outan orphelin pour survivre dans la nature?
Les orangs-outans sauvés seront, nous l'espérons, un jour relâchés dans la nature, mais ils doivent d'abord apprendre des techniques de survie essentielles
À l’état sauvage, les orangs-outans passent beaucoup de temps avec leur mère avant de devenir indépendants. Pendant ce temps, ils apprennent toutes les compétences essentielles qui leur permettent de survivre dans la forêt. Ces connaissances importantes sont passées de la mère à son enfant. Cependant, dans notre refuge, où la mère est absente, notre équipe est là pour créer l'environnement qui permet aux orphelins d’apprendre ces compétences. Ce sont nos enseignants qui remplacent les mères en enseignant aux orphelins ces compétences comme l’aurait fait leur mère.
Selon leur âge, leur état mental et leurs connaissances déjà existantes, les orangs-outans orphelins sont répartis en différents niveaux du programme de réhabilitation. Voici les compétences essentielles qu’ils apprennent dans notre programme pour assurer leur survie une fois relâchés dans la nature.
Trouver de la nourriture
C’est une des compétences les plus essentielles pour survivre dans la forêt tout seul. Selon une étude de Schuppli et al. 2021, des orangs-outans sauvages consomment environ 100 à 200 aliments différents. Ils sont principalement frugivores, mais ils mangent aussi des feuilles, des fleurs, des tiges, de l'écorce-cambium et des insectes. Les jeunes orangs-outans doivent donc apprendre quelles choses dans la forêt sont comestibles, et ce qu’il faut éviter pour ne pas être empoisonnés. Ils apprennent aussi où et pendant quelle période ils peuvent trouver quels aliments.
Notre équipe d’enseignants sur place à Borneo, reçoit une formation approfondie en botanique afin de connaître toutes les plantes locales qui peuvent être consommées sans danger par les orangs-outans. Ils doivent ensuite transmettre ces connaissances aux orangs-outans en adoptant la même approche que celle d'une mère orang-outan, c'est-à-dire en mangeant eux-mêmes la plante devant le jeune, ce qui suscitera sa curiosité et l'incitera à imiter son enseignante.
Reconnaître les dangers
Comme notre but principal est de relâcher tous les orangs-outans sous nos soins dans la nature, une compétence essentielle pour y survivre est de reconnaître des situations ou animaux dangereux. Ils doivent aussi comprendre que tous les humains ne sont pas leurs amis mais peuvent constituer une menace. C’est la raison pour laquelle nous limitons tout exposition aux humains en dehors des enseignants. Les orangs-outans apprennent ainsi à distinguer les humains familiers des étrangers qu’il faut éviter. Il faut aussi leur apprendre à reconnaitre des dangers de la forêt et à comprendre comment les éviter. Les orangs-outans doivent par exemple garder une distance avec les serpents ou autres animaux dangereux.
Nous apprenons aux orangs-outans que quelque chose pourrait constituer une menace comme le ferait une mère : nous nous cachons ou nous essayons de repousser le danger en secouant un arbre ou une branche et en lançant des cris de détresse d'orang-outan.
Construire des nids
Les orangs-outans sauvages construisent des nids presque tous les jours, pour avoir un endroit sûr pour dormir, ou même pour se reposer pendant la journée. Dans les nids en hauteur dans les arbres ils se sentent plus en sécurité et peuvent se détendre et rétablir mentalement et physiquement. Le nid les protège aussi contre des prédateurs, en les cachant dans les arbres. Dans la hauteur des arbres, il y a moins de nuisance par des insectes et le risque de contracter des maladies transmises par les tiques et les moustiques diminue. En outre, le nid permet une meilleure thermorégulation pendant le sommeil. Pour toutes ces raisons il est essentiel que les orangs-outans orphelins apprennent à construire des nids sûrs, et les enseignants donnent donc des courses de construction de nids tous les jours, en les créant eux-mêmes.
Grimper et se déplacer dans la forêt
Les orangs-outans sont des primates arboricoles, cela signifie qu’ils se déplacent surtout dans les arbres, non au sol. Ils sont donc munis de grandes épaules, de longs bras, et des pieds qui ressemblent plus à des mains pour pouvoir tenir les branches et les troncs. Les orphelins ont besoin d’un environnement adapté où ils peuvent apprendre et pratiquer comment se déplacer en haut des arbres. Ils doivent apprendre quelles branches sont assez fortes pour les porter et lesquelles pourraient briser sous leur poids, ainsi que la manière la plus sûre de se déplacer d'un arbre à l'autre en fonction des arbres.
C’est la raison pour laquelle l’ÉCOLE DE LA FORÊT est l’endroit idéal pour apprendre tout ça, mais pour nous, les humains il est difficile de leur montrer ses compétences. Nous nous mettons donc sur les arbres grâce à des équipements d'escalade et nous encourageons les orangs-outans à nous rejoindre en haut des arbres pour pratiquer la locomotion arboricole.
La socialisation
Bien que les orangs-outans soient des animaux semi-solitaires, ils ont des rencontres régulières avec des congénères dans la nature, et il est donc essentiel pour eux de développer des compétences sociales afin de passer ses rencontres en sécurité. Il est important pour eux d’avoir des interactions avec d’autres orangs-outans du même âge, mais aussi avec des congénères plus ou moins âgés. Cela les aide à comprendre la langue corporelle des autres.
Le contact avec les autres leur permet aussi d’apprendre les compétences essentielles comme la recherche de nourriture, la construction des nids et la locomotion. Dans l’ÉCOLE DE LA FORÊT nous mélangeons donc parfois des étudiants des niveaux différents sous la surveillance des enseignants. Ces expériences avec d’autres orangs-outans permettent de développer leurs compétences sociales et aussi d’apprendre l’un de l’autre.
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