• Une initiative populaire pour interdire l’importation de foie gras sera soumise au vote du peuple. 
• Rien qu’en 2023, plus de 300 000 canards et oies ont été gavés et tués pour répondre à la demande suisse. 
• Le foie gras n’est pas une tradition Suisse : son importation massive n’a commencé que dans les années 90 après l’industrialisation de la filière. 

Selon notre enquête de 2018/19, le foie gras n’est consommé que par 30 % des Suisses et Suissesses. Mais il existe des différences régionales. Seules 15 % des personnes interrogées en Suisse alémanique consomment du foie gras, contre 71 % en Suisse romande et 49 % au Tessin.

Toutefois, le foie gras est devenu associé aux fêtes de fin d’année en Suisse uniquement après l’industrialisation de la filière dans les années 90. Il ne s’agit pas d’une tradition suisse (lire la section « importations » pour en apprendre plus).  

Situation actuelle 

Plusieurs éléments de la Loi sur la protection des animaux de 1978¹ rendent implicitement la production de foie gras en Suisse illégale. De plus, l’article 20 de l’Ordonnance sur la protection des animaux de 2008² interdit explicitement le gavage.  

Selon l’enquête commune de QUATRE PATTES et Stop Gavage Suisse de 2018/19, seul 38 % de la population suisse est au courant de cette interdiction³.  

Bien que le foie gras ne puisse plus être produit en Suisse depuis plus de 40 ans, son importation reste possible.  

L'obligation de déclaration 

En avril 2023, le Conseil fédéral s’est prononcé en faveur d’une obligation de déclaration des produits issus du gavage⁶. QUATRE PATTES soutient ce souhait de transparence, mais exige que cette déclaration soit rendue visible sur l’emballage avec une indication claire qu’il s’agit d’un aliment dont la production cruelle envers les animaux est interdite en Suisse. QUATRE PATTE demande également que les importations d’autres sous-produits du gavage, comme le magret, soient quantifiées à la douane. En effet, le système douanier actuel ne fait pas la différence entre magret (issu du gavage) et filet (non issu du gavage). 

La motion Haab pour une interdiction d'importation 

Une motion déposée en mars 2020 au Conseil national par Martin Haab (UDC/ZH), demandait l'interdiction de l'importation du foie gras car sa production est cruelle envers les animaux⁵.   

La motion a clairement été acceptée par le Conseil national, mais elle a ensuite été rejetée par le Conseil des États, à une voix près. En effet, la solution de la déclaration obligatoire a été préférée par le Conseil des États. Voir notre communiqué de presse.  

Bien que la motion ait au final été rejetée, le vote serré montre que les mentalités évoluent et donne à penser qu'une interdiction d'importation sera possible dans un avenir proche. QUATRE PATTES est donc plus déterminée que jamais.  

L’initiative foie gras 

Lancée en juin 2022, l’initiative populaire foie gras demande que l’importation de foie-gras soit interdite en Suisse⁷. La Chancellerie fédérale a validé 102’478 signatures et l’initiative sera donc soumise au vote du peuple. 

La Suisse est l’un des plus grands pays importateurs mondiaux de foie gras. En 2023, 194 tonnes de foie gras ont été importées. Ceci représente plus de 300’000 animaux gavés et tués pour la seule consommation suisse.   

La majorité du foie gras importé en Suisse provient de France. Le reste provient généralement de Belgique, de Hongrie ou de Bulgarie. Historiquement, une grande partie des importations venaient également d’Israël, mais la production de foie gras est désormais interdite dans ce pays. Une petite quantité du foie gras importé en Suisse provient quant à elle de certains autres pays producteurs (Espagne, Roumanie, États-Unis, Chine), ou est conditionnée dans un pays tiers. 

Dans les années 1990, la quantité de foie gras importée a explosé. La valeur du foie gras importé a également augmenté, mais pas dans la même proportion. 

De produit de « luxe » confectionné à partir de foie d’oie en faible quantité, le foie gras est devenu un produit industriel fait à partir de foie de canard. À la souffrance du gavage sont donc venu s’ajouter celles engendrées par des pratiques industrielles cruelles telles que mutilations et enfermement dans des cages 

Le graphique suivant montre qu'une grande partie du foie gras actuellement importé en Suisse est fait à partir de canards. 

Le graphique ci-dessous montre que le foie gras d'oie est toujours plus cher que le foie de canard, même si le foie gras d'oie est actuellement produit de manière industrielle, principalement en Europe de l'Est, où la main-d'œuvre est moins chère. 

En observant ces statistiques, on constate que le foie gras ne fait pas partie de la tradition suisse. Sa consommation de masse n’a commencé que dans les années 90 et les efforts de marketing du lobby du foie gras se sont concentrés sur la création d’une fausse conviction selon laquelle il est une tradition suisse. 

Autour des années 2010, plusieurs ONGs ont commencé à révéler la cruauté de la production de foie gras : la prise de conscience de la population a entraîné une stabilisation puis un déclin des importations en Suisse. En parallèle, les crises successives de grippe aviaire ont aussi ralenti la production certaines années.