FAQ sur les matériaux d'origine animale

Plus de cinq milliards d'animaux sont utilisés chaque année dans les chaînes d'approvisionnement de la mode et, malheureusement, la plupart des marques n'ont qu'une connaissance limitée, voire inexistante, des conditions d'élevage, de transport et d'abattage de ces animaux. Les principales préoccupations en matière de bien-être animal sont les suivantes:

• L'élevage d'animaux à fourrure est intrinsèquement cruel et aucune certification de bien-être ne peut leur assurer une vie digne de ce nom.
• Les moutons des chaînes d'approvisionnement en laine sont régulièrement soumis à des mutilations telles que le mulesing et la castration sans soulagement adéquat de la douleur, ainsi qu'à des pratiques de tonte stressantes et à des transports sur de longues distances.
• Les oies et les canards continuent d'être exposés au risque de plumage à vif et de gavage dans les chaînes d'approvisionnement en duvet. Nombre d'entre eux souffrent également pendant de longues périodes dans des systèmes d'abattage mal gérés.
• Même les matériaux d'origine animale certifiés en matière de bien-être animal continuent de présenter un risque important, car les normes existantes sont largement axées sur l'élimination de pratiques cruelles spécifiques, plutôt que sur la garantie de niveaux adéquats de bien-être animal tels qu'ils sont déterminés par les spécialistes.

L'ampleur et la nature actuelles de l'élevage d'animaux ne sont pas viables pour notre planète et causent des souffrances inutiles aux animaux. Les principales préoccupations environnementales sont les suivantes:

• Parmi les matériaux d'origine animale issus d'animaux domestiques, ceux qui proviennent des ruminants ont un impact significatif sur le réchauffement climatique, principalement en raison des grandes quantités de méthane qu'ils émettent lors de la digestion.
• Le pâturage d'un grand nombre d'animaux contribue à la modification de l'utilisation des sols, à la déforestation et à la perte de biodiversité, en utilisant la majorité des terres agricoles de la planète.
• L'empreinte carbone de la production d'aliments pour ces animaux d'élevage est importante et les engrais chimiques utilisés dans la production d'alimentation animale contribuent à l'eutrophisation.
• L'élevage intensif nécessite d'importantes quantités d'eau et peut entraîner une accumulation massive de matières fécales susceptibles de polluer les plans d'eau locaux.

Des procédés de finition à forte intensité de ressources et nuisibles à l'environnement 

• Des niveaux importants de métaux lourds sont utilisés pour traiter les fourrures et les peaux, y compris des produits chimiques tels que le chrome et le formaldéhyde. 
• Le duvet est souvent traité à l'aide de produits chimiques agressifs. Il nécessite des méthodes de nettoyage des plumes à forte consommation d'eau et implique un séchage intensif, ce qui consomme des quantités importantes d'eau et d'électricité.
• Le lavage de la laine, une étape du traitement de la laine qui consomme beaucoup de ressources, nécessite de grandes quantités d'eau et de détergents pour éliminer le suint, une substance qui est difficilement biodégradable et dont la combinaison peut être nocive lorsqu'on s'en débarrasse.
• La laine est généralement traitée avec des substances synthétiques pour la rendre lavable en machine et confortable à porter à même la peau.

Le secteur de la mode ne peut être véritablement éthique que si elle intègre les droits sociaux et les droits de l'homme. Cependant, il existe de nombreuses injustices sociales et humaines inhérentes à la production intensive de matières animales, notamment leur impact sur la santé publique, les environnements communautaires et les travailleurs de la chaîne d'approvisionnement.

• Santé publique: Le COVID-19 a récemment mis en lumière les risques sanitaires associés à l'utilisation d'animaux à grande échelle dans les chaînes d'approvisionnement mondiales, y compris dans l'industrie de la mode. L'élevage intensif se caractérise par la présence d'un grand nombre d'animaux dans des conditions exiguës et peut constituer un terrain propice à la propagation d'agents pathogènes dangereux et de zoonoses. Le COVID-19 est la dernière d'une longue série de maladies transmises par les animaux, telles que la grippe porcine et la grippe aviaire, qui font à nouveau la une des journaux en raison de diverses épidémies dans le monde. La résistance aux antibiotiques représente également un risque croissant et alarmant pour la santé humaine, qui est directement liée à l'élevage. L'utilisation excessive et abusive d'antibiotiques dans les fermes industrielles, dans le but d'atténuer les épidémies, est particulièrement répandue dans les élevages intensifs.
• Impact sur les environnements communautaires: Les impacts environnementaux de l'agriculture intensive et de la production de matériaux d'origine animale affectent souvent de manière disproportionnée les minorités et les communautés à faibles revenus. Par exemple, dans le but d'exporter les problèmes de pollution, de nombreuses tanneries sont situées dans des pays à revenus faibles ou moyens où les eaux usées non traitées sont souvent rejetées dans les cours d'eau, ce qui a un impact sur la santé des terres et des communautés environnantes. 
• Impact sur les travailleurs des chaînes d'approvisionnement de matériaux d'origine animale: Ces systèmes d'agriculture intensive et ces chaînes d'approvisionnement emploient des travailleurs qui sont souvent soumis à de mauvaises conditions de travail. Le trafic de main-d'œuvre, la servitude pour dettes et d'autres formes de travail forcé ont été signalés dans les principaux pays producteurs de matériaux d'origine animale. Les abattoirs sont connus pour avoir un impact négatif sur la santé mentale de ceux qui tuent des animaux pour gagner leur vie, nombre d'entre eux souffrent de symptômes de troubles de stress post-traumatique. Les travailleurs des tanneries sont également exposés à des produits chimiques toxiques au cours du processus de tannage et beaucoup présentent un risque accru de cancer.

Les matériaux d'origine animale sont loin de leur état «naturel» d'origine lorsqu'ils sont prêts à être transformés en vêtements et accessoires. En réalité, les matériaux d'origine animale doivent être traités à l'aide de produits chimiques hautement toxiques pour éviter qu'ils ne se décomposent et pour leur donner les qualités esthétiques souhaitées telles que la malléabilité, la durabilité ou la texture ainsi que les qualités fonctionnelles désirées telles que l'hypoallergénicité ou la résistance au rétrécissement. Voici quelques exemples:

• Le traitement intensif de la fourrure, par exemple, utilise des niveaux importants de métaux lourds tels que le chrome et le formaldéhyde. Ces produits chimiques toxiques empêchent les peaux de se décomposer.
• Dans le traitement du duvet, ce dernier est soumis à plusieurs types de traitements chimiques (car le duvet peut devenir plus allergène avec le temps). Les produits chimiques utilisés peuvent présenter un risque majeur pour la santé humaine.

Outre la transformation des  matières animales, l'élevage intensif des animaux a un impact critique sur notre environnement. Comment peut-on qualifier quelque chose de naturel lorsqu'il a un impact dévastateur sur la nature?

Alors que les marques de mode, les créateurs et les consommateurs évaluent l'impact des matières premières utilisées dans l'industrie, ils se tournent de plus en plus vers de nouveaux matériaux innovants qui peuvent offrir la même fonctionnalité et la même qualité sans que cela n'entraîne de coûts pour les animaux, l'environnement et les personnes. C'est ainsi qu'est née une nouvelle catégorie de matériaux, les «matériaux de nouvelle génération». 

Que sont les matériaux de nouvelle génération? Selon la Material Innovation Initiative (MII), les matériaux de nouvelle génération peuvent être définis comme des «substituts directs sans bétail privilégiés du point de vue environnemental des matériaux d’origine animale conventionnels comme le cuir, la soie, la fourrure, le duvet, la laine et les peaux exotiques. Les matières premières utilisées sont généralement d'origine végétale (comme le cuir de cactus ou la laine fabriquée à partir de fibres de kapok). Du mycélium, des cellules animales cultivées, des matières dérivées de bactéries, des matériaux recyclés ou un mélange de ces matériaux et une série d'approches de biomimétisme sont aussi utilisées pour reproduire l'esthétique et les performances des matières d'origine animale».

En fait, plus de 100 marques utilisent aujourd'hui des matériaux de nouvelle génération et, en réponse à cet intérêt croissant, l'accélération de l'innovation, de l'adaptation et de la croissance des matériaux de nouvelle génération et un nombre en augmentation rapide de start-up technologiques très innovantes adoptant des approches ambitieuses et transformatrices se poursuivent. Aujourd'hui, 102 entreprises travaillent au développement et/ou à l'augmentation de la production de matériaux de nouvelle génération et pour la plupart d'entre elles, il n'est plus nécessaire de choisir entre l'utilisation du plastique et la souffrance animale.

L'équipe de QUATRE PATTES travaille à un avenir de la mode qui soit bienveillant à l'égard de tous les animaux. Pour y parvenir, nous devons réduire considérablement l'utilisation des animaux dans tous les domaines, qu'il s'agisse de la mode ou de l'alimentation. L'utilisation des animaux dans la mode est inextricablement liée aux industries alimentaires, qui doivent toutes deux réduire leur dépendance à l'égard des animaux si nous voulons rester dans les limites de la planète et éviter les catastrophes climatiques à venir. Il faut mettre un terme à l'utilisation d'animaux sauvages et faire en sorte que les animaux domestiqués qui restent dans les chaînes d'approvisionnement de la mode soient traités avec respect, empathie et gentillesse. Cela signifie que les marques doivent s'assurer de n'utiliser que des animaux domestiqués pour lesquels d'excellentes normes de bien-être animal sont garanties, et à l'heure actuelle, les certifications ne sont pas suffisantes pour permettre cette réalité. C'est pourquoi notre vision de l'avenir de la mode prévoit que les certifications s'améliorent considérablement et que les marques de mode se surpassent pour garantir le bien-être des animaux.