Schafe auf Wiese

Le silence des agneaux australiens

Dix millions d’agneaux meurent chaque année au nom de la mode

6.3.2024

 Zurich/Sydney, le 6 mars 2024 – Réalité choquante et largement méconnue, chaque année, des millions d’agneaux utilisés pour produire de la laine meurent dans d’atroces souffrances. En Australie, premier producteur de laine, le taux de mortalité des agneaux dépasse jusqu’à 10% la moyenne mondiale (9-20%) et atteint même 70% dans certains cas. Selon les estimations, quelque dix millions d’agneaux meurent ainsi chaque année. Les principales causes de ces décès sont les complications survenues lors de la naissance, les mauvaises conditions d’élevage et le manque d’abris contre les intempéries. Dans un document d’information, l’organisation mondiale de protection des animaux QUATRE PATTES demande la mise en place de mesures urgentes pour protéger ces animaux. L’élevage de moutons sans plis cutanés, en particulier, permettrait de combattre la plupart des problèmes liés au bien-être animal.

Les descriptions de Nicolas Roeschli font froid dans le dos.

«Chaque année, des millions d’agneaux meurent de faim et de froid, la plupart du temps dans une solitude absolue. Si la mère est à proximité, elle assiste impuissante à l’agonie de ses petits». 

Nicolas Roeschli, chargé de campagne chez QUATRE PATTES Suisse

Pour un mouton australien, le plus grand défi consiste à survivre les trois premiers jours suivant sa naissance. C’est en effet à ce moment-là que plus de 80% des décès d’agneaux sont relevés. Mais la lutte pour la survie n’est pas encore gagnée: s’ils ne meurent pas, la plupart des agneaux sont mutilés à vif à l’âge de deux à douze semaines. Cette pratique, appelée mulesing, consiste à couper de grands lambeaux de peau au niveau de l’arrière-train des jeunes animaux, généralement sans anesthésie, à l’aide de cisailles tranchantes. Les plaies causées par cette pratique font souffrir les animaux pendant des jours de manière insupportable. Les éleveurs justifient cette mutilation car elle permet d’éviter la myiase. Autrement dit, une infestation de mouches chez le mouton, qui pondent leurs œufs dans les replis cutanés situés sur la croupe de l’animal. Plus de dix millions d’animaux sont soumis chaque année à cette méthode archaïque. Des études montrent par ailleurs que les mères d’agneaux sont elles aussi exposées à un risque élevé. On estime que près de 300'000 brebis meurent chaque année en Australie rien qu’en raison de complications lors de la mise bas (dystocie).

Des images effrayantes
De récentes séquences vidéo, téléchargées par le Collective Fashion Justice sur la plateforme «Farm Transparency Project» montrent à quel point le sort réservé à des millions d’agneaux en Australie est choquant.

Il y a pourtant de l’espoir pour les agneaux australiens: la solution commencerait avant même la naissance, à savoir par une sélection appropriée de la race et une gestion de troupeau bien pensée. Des producteurs et productrices de laine comme Don Mudford, un éleveur australien de New South Wales, montrent l’exemple. Il a mis fin au mulesing et obtient, grâce au choix de moutons sans plis de peau excessifs, un taux de survie plus élevé de ses agneaux. 

 «Les images d’agneaux morts et mutilés sont insupportables, mais c’est pourtant une triste réalité. Pour les agneaux ayant survécu à la dureté des premiers jours de vie, vient alors le moment de subir une terrible mutilation. Il faut souligner que les mutilations sans anesthésie sont malheureusement monnaie courante sur les animaux dits de rente.»

Nicolas Roeschli, chargé de campagne chez QUATRE PATTES Suisse

Il y a pourtant de l’espoir pour les agneaux australiens: la solution commencerait avant même la naissance, à savoir par une sélection appropriée de la race et une gestion de troupeau bien pensée. Des producteurs et productrices de laine comme Don Mudford, un éleveur australien de New South Wales, montrent l’exemple. Il a mis fin au mulesing et obtient, grâce au choix de moutons sans plis de peau excessifs, un taux de survie plus élevé de ses agneaux. 

Moins il y a de plis, plus le taux de survie est élevé

«Depuis que je suis passé aux races de moutons à la peau plus lisse, j’ai constaté que nos brebis mettaient bas avec plus de succès et qu’elles supportaient mieux les exigences physiques de la maternité»

Don Mudford, éleveur australien dans le New South Wales

Les rapports de nombreux autres éleveurs et éleveuses démontrent le lien entre les moutons à la peau plus lisse qui résistent aux attaques de mouches, et un taux de survie plus élevé des agneaux. C’est également ce qui ressort d’une enquête menée en 2020 par BG Economics auprès de près de 100 producteurs de laine australiens.

QUATRE PATTES demande donc l’introduction urgente de pratiques d’élevage et de détention qui accordent la priorité à la survie des agneaux et des brebis. En fait partie l’élevage de moutons plus résistants aux attaques de mouches et au corps plus lisse, en plus d’autres techniques décrites dans le nouveau document d’information «Focus sur la mortalité des agneaux». Il est également déterminant que l’industrie investisse dans davantage de recherche et de formation pour soutenir les producteurs. Les entreprises textiles, les détaillants et les certificateurs, qui profitent de la vente de laine mérinos australienne, ont également leur part de responsabilité.

Marques contre le mulesing
En 2020, QUATRE PATTES a commencé à recenser les entreprises de mode internationales qui exigent de la laine sans mulesing. Ce qui a commencé avec 100 marques s’est développé au cours des trois dernières années pour atteindre le nombre remarquable de plus de 400 marques. Un autre groupe de 80 entreprises internationales de mode a signé une lettre ouverte demandant à l’industrie australienne de la laine de mettre fin au mulesing d’ici 2030.

Contexte
La fine laine mérinos destinée au marché mondial de la mode provient à 80% d’Australie - le seul pays au monde où le mulesing est pratiqué de façon légale et régulière. Le mulesing consiste à découper de larges bandes de peau sur l’arrière-train des agneaux à l’âge de quelques semaines, généralement sans soulagement adéquat de la douleur. Cela provoque chez les animaux de fortes douleurs, de la peur et du stress. Cette mutilation des agneaux est utilisée comme méthode rapide et peu coûteuse pour prévenir les infestations de mouches. Il existe pourtant des méthodes alternatives: l’une d’entre elles consiste à élever des moutons à la peau plus lisse, résistants aux larves de mouches, en combinaison avec une gestion appropriée du troupeau. De plus, la recherche et les témoignages d’éleveurs de moutons prouvent que les moutons au corps plus lisse ont un taux de survie plus élevé chez les agneaux.

Vous trouverez ici l’enquête réalisée auprès des producteurs de laine.
Vous trouverez ici l’étude de cas de Don Mudford.

Sylvie Jetzer

Sylvie Jetzer

Communication Suisse

sylvie.jetzer@vier-pfoten.org

+41 43 501 57 49

QUATRE PATTES – Fondation pour la protection des animaux

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Au sujet de QUATRE PATTES
QUATRE PATTES est l’organisation mondiale de protection des animaux sous influence humaine directe, qui révèle leurs souffrances, sauve les animaux en détresse et les protège. Fondée en 1988 à Vienne par Heli Dungler et des amis, l'organisation plaide pour un monde où les humains traitent les animaux avec respect, compassion et compréhension. Les campagnes et projets durables se concentrent sur les chiens et chats errants ainsi que sur les animaux de compagnie, les animaux de rente et les animaux sauvages – tels que les ours, les grands félins et les orangs-outans – vivant dans de mauvaises conditions de détention ainsi que dans les zones de catastrophe et de conflit. Avec des bureaux en Afrique du Sud, Allemagne, Australie, Autriche, Belgique, Bulgarie, France, Kosovo, Pays-Bas, Royaume-Uni, Suisse, Thaïlande, Ukraine, USA et Vietnam ainsi que des refuges pour animaux en détresse dans onze pays, QUATRE PATTES fournit une aide rapide et des solutions durables. La Fondation est en outre un partenaire d'Arosa Terre des Ours, le premier refuge en Suisse qui offre aux ours sauvés de mauvaises conditions de détention un environnement adapté à l’espèce.

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